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Glencoe Skyline (55km – 4800+) : l’Aventure aux portes de la maison !

Déjà quasiment un mois que je suis rentré de cette escapade Ecossaise avec Laurie et Adrien! Un objectif coché de longue date que cette Glencoe Skyline : une course dans la même veine que la Tromso Skyrace courue l’an dernier, engagée, technique et au plus près de ma conception de la discipline.

peignee-verticale-glencoe-skyline-1379Si j’ai mis si longtemps à partager mes impressions et à revenir en détail sur cette épreuve, c’est surtout parce qu’en dehors de cette fenêtre de vacances qu’a été ce séjour dans les Highlands, le boulot a très vite repris ses droits avec dans la foulée un déplacement au Japon pour suivre Xavier Thévenard sur l’Ultra-Trail du Mont Fuji.

Glencoe ? Les Highlands ? L’Ecosse ? Mais quelle idée ? => 3 courtes réponses avant de vous raconter mon expérience :

  1. C’est vraiment beau, ça ressemble à s’y méprendre à certains coins de Scandinavie, et après des années de voyage, je pense avoir compris que j’étais irrésistiblement attiré par ce genre d’environnement sauvage et battu par les éléments.
  2. C’est vraiment pas loin de chez nous et plutôt simple d’accès : 2h de vol depuis Genève vers Glasgow ou Edimbourg et ensuite 3h de voiture pour se retrouver totalement dépaysé au milieu de ce no man’s land que sont les Highlands.
  3. C’est vraiment l’Aventure avec un grand A. Ici, le matériel obligatoire a vraiment un sens, et même si l’on reste dans le contexte (relativement) encadré d’une course, l’engagement sur le parcours est total (pour du Trail) et l’autonomie quasi complète avec un seul ravitaillement sur 55km. Un vrai truc de viking 🙂

Revenons en aux faits : Glencoe a été l’occasion de quelques jours de coupure, et nous sommes donc arrivés dès le mercredi soir dans notre petit lodge pour profiter des environs avant les différentes courses. Laurie et Adrien courant le vendredi (Km Vertical), samedi (29km – 2500+) et moi-même le dimanche.

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Ici, les montagnes s’appellent des fell, et les fjords s’appellent des lochs
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Stalker Castle et son ancienne voie de chemin de fer

Quelques photos devant le patrimoine local, le suivi des courses de vendredi et samedi en prenant quelques images (surtout vendredi : voir ici), et me voilà déjà catapulté sur la ligne de départ, à 7h, de ce qui sera a priori ma seule course d’envergure de l’année.
Contrairement à d’autres fois, je suis vraiment serein : bien dormi, bien reposé, à défaut d’être bien entraîné. Il me manque vraiment quelques longues sorties sur les mois de juillet et août. Enfin, serein, c’est tout de même un grand mot : je me suis laissé raconter pendant les deux derniers jours que Glencoe, c’était Tromsø puissance 4. Oups… Je l’avais pas envisagé comme ça, mais n’ai pas véritablement étudié le parcours non plus… (serein, on a dit !)


Bienvenue dans les Highlands !

Plus moyen de reculer ! Pour être sur d’avoir des témoins et de pas m’endormir, je me suis même placé en première ligne aux côtés de Christophe Le Saux et promis à Adrien un Hole Shot… Parole tenue !

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Hole Shot sur la ligne de départ !

Les premiers kilomètres sont plutôt roulants, mais on sent que c’est une manche de Coupe du Monde et pas une course à la Caillette : 10km/500+ en 48′ pour les premiers, 1h00 pour moi, ça va très vite ! D’autant qu’après cette mise en bouche où personne n’a su/pu profiter du merveilleux lever de soleil, le plat de résistance est très copieux… 1000m de D+ dans un terrain particulièrement exposé, à la limite de l’escalade : le Buachaille Etive Mòr. Je suis bien à l’aise dans les parties techniques, double un Christophe Le Saux bien émoussé de sa saison et stabilise ma position dans les 40 premiers.

C’est au sommet de cette première difficulté que la vraie course commence : pluie, vent fort et brouillard sont de la partie. Bienvenue dans les Highlands ! A partir de ce point (km16), les sentiers deviennent inexistants ou très escarpés, les crêtes vertigineuses et il n’ya plus vraiment de répit jusqu’à l’arrivée. Après quelques kilomètres à jouer au yo-yo sur l’arête, on bifurque brusquement droit dans la pente sur un sentier relativement tracé.
Je lâche les chevaux et ne perds que 2 à 3 minutes sur les premiers dans cette descente de 600D-, en doublant 6 coureurs (là, tu te dis que je vais payer plus tard, et tu as RAISON). Une fois les pieds dans le lit du ruisseau – littéralement – il faut directement remonter jusqu’au col qui nous fait face, baptisé la Saddle, pour sa forme de selle de cheval. Je sors les bâtons que je promenais jusque là pour la première fois, et force est de constater qu’ils m’aident bien puisque je reprends encore 4 ou 5 coureurs et me place 4ème féminine.

peignee-verticale-glencoe-skyline-1797De l’autre côté de la Saddle m’attendent Laurie et Adrien, aux environs du km22. J’en profite pour faire le plein de nourriture, car après cela ce sont 10km très solitaires qui m’attendent. Et le seul et unique ravitaillement n’est qu’au km34…! Après les avoir quittés, le sentier bien dessiné remonte progressivement une vallée totalement déserte, et on peut courir tout le long (enfin essayer !). Je reprends la 3ème fille, mais me fait récupérer par la 4ème et future 2ème, Malene Haukøy. Opération neutre !

peignee-verticale-glencoe-skyline-1816On échange quelques mots puisque l’on s’était déjà croisés à Tromsø en 2015, et je lui sers de lièvre pendant les 400D+ suivants…avant de casser un bâton (NB : le carbone Black Diamond n’aime pas les bras de levier dans les rochers).
120€ de paumés et en plus je vais devoir les transporter pour rien. Sans compter que Malene en a profité pour filer. J’essaye de m’accrocher mais elle a enclenché le mode mobylette et moi je plafonne.

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La mobylette Malene Haukøy

On passe en mode « limitation de dégâts / contente toi de ce que tu as ». Je garde le cap, et égare ma lucidité puisque j’oublie complètement que le parcours fait un Aller / Retour et demande aux premiers concurrents s’ils ont abandonné et s’ils ont conscience d’être dans le mauvais sens. Bon moment de solitude ! Quelques crampes sournoises font leur apparition mais j’arrive à les contenir… 30km / 4h30 et 2800+ : on touche à mes limites du moment.

La descente suivante me redonne un peu confiance et je reprends un peu de vitesse en essayant surtout de me maintenir en un seul morceau. Je vous passe les détails entre les km20 et 30 mais en gros : il faut pas tomber, il faut jamais regarder autre chose que ses pieds ou quasiment et la concentration est le maître mot.

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Ravito express avant la dernière ascension

Au km 34, l’unique ravitaillement se présente donc à moi. Heureusement que je suis pas venu faire un restau gastro, j’aurais été déçu. C’est plus que frugal, je m’arrête 2min30 et retrouve Laurie et Adrien quelques centaines de mètres plus haut auxquels j’arrache quelques vivres pour la suite.
Au ravito, à la question « Est ce que c’est dur la dernière montée? », la bénévole m’a répondu « Oh, il y a cette montée, puis la crête et après l’arrivée », en me montrant un MUR.

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Le dernier mur

Les 500 premiers mètres de dénivelé sont très raides, mais sur un chemin. J’avance même plutôt bien. La suite ? A 4 pattes dans la mousse, les pierres qui roulent et avec des crampes aux quadriceps à en pleurer. Debout, assis, accroupi, couché, fléchi. J’essaye tout : sans succès. Quasi impossible de mettre un pied devant l’autre, et ce serait presque plus dangereux de descendre que de continuer à monter..!
Au prix d’un effort qui me semble surhumain, je parviens à me traîner jusqu’au sommet. J’ai perdu 4 ou 5 places au passage, mais je suis toujours là, et on vient de monter 900m en 2km…!  L’équivalent des KV les plus raides !
Et là, miracle du corps humain, les jambes se remettent à tourner, difficilement au début puis quasi naturellement. Incompréhensible. Seul bémol : j’ai consommé beaucoup d’eau dans la bataille et je n’ai presque plus rien pour affronter les 10km suivants, où on ne croise aucune source.


Ma seule idée : trouver de l’eau !

Mode Pékin Express activé : je taxe auprès des randonneurs et bénévoles, sous peine de voir revenir mes crampes! Et surtout, je vois se profiler ce que j’attendais un peu car je trouvais l’ensemble assez abordable jusque là : la fameuse traversée Aonach Eagach. 5 km sur le fil du rasoir, avec un engagement vraiment intense. Quelques rares points clés sont assurés par des guides (enfin conseillés plutôt), mais dans l’ensemble la solitude est totale et l’on progresse à l’aveugle et dans le brouillard sur une crête vertigineuse. Ambiance !

Honnêtement, je n’en rajoute pas, c’est un passage à ne vraiment pas recommander à ceux qui craignent le vide ou n’ont pas le pied sur : c’est le juge de paix de la course. Une fois sorti de ces 5km techniques (qui m’ont pris pas loin de 2h…!), ce n’est pas fini pour autant.
7 à 8km de hors sentier à travers des pentes herbeuses et caillouteuses  souhait, transformées en patinoires par la pluie et le vent, nous attendent… C’est très long, et je n’ai plus d’eau depuis longtemps. Je suis obligé de laisser partir mes compagnons de route pour préserver mes chances de ne pas exploser avant la fin.


Un finish avec les moyens du moment et du plaisir !

Enfin, on finit par retrouver le sentier du départ. Les 5 derniers kilomètres se font en sens inverse de la première partie matinale. Je taxe un randonneur de plus et mets le turbo pour finir. Je maintiens ma position et finis extrêmement satisfait en 38ème position et 9h15 de course… soit 2h45 de plus que le vainqueur alors que je n’ai pas pris 1 minute pour pisser et me suis arrêté 2min30 au ravito !
Je perds près d’une heure avec mes crampes, mais la performance des premiers dans le technique est totalement incroyable, car je ne suis pas particulièrement maladroit dans ces portions et n’ai pas franchement flâné en route. Un niveau mondial et professionnel, tout simplement.

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Heureux comme un gosse sur la ligne!

Beaucoup se demanderont : pourquoi aller se confronter à ces conditions climatiques extrêmes, à ces chemins infâmes.. Où est le plaisir ?
Je me suis régalé à prendre part à cette épreuve comme cela avait été le cas à Tromsø.
Bien sur, certaines portions nécessitent une vraie force mentale, et il faut se souvenir de pourquoi on est là. Mais, pour moi, ces courses à mi-chemin entre trail et course aventure sont le vrai poumon de notre discipline et là où je trouve mes inspirations pour mes sorties persos, qui constituent 99% de ma pratique. Alors, merci aux organisateurs qui ont le courage d’organiser de tels monuments.

A revivre en images :

Si je devais faire une rapide comparaison entre Tromsø et Glencoe :

  • Glencoe est effectivement plus dure par son engagement, ses montées, sa solitude, sa météo (encore que..). 15 sommets sont au programme !
  • Glencoe est particulièrement compliquée pour sa gestion de l’eau. Je bois beaucoup, et sur les 20 derniers kilomètres il n’était pas évident de trouver de l’eau propre (oui, on se sert dans les ruisseaux !)
  • Tromsø offre des descentes beaucoup plus compliquées et beaucoup plus de hors sentier et une fin moins roulante. La preuve, j’ai mis quasi le même temps là-bas pour 10km de moins…!

Niveau matériel, voilà ce que j’ai utilisé :

  • Tenue Nike : hyper confort, merci pour la dotation !
  • Veste imperméable Crazy Idea / Hoka : super rapport légéreté / compacité / protection
  • Chaussures : Salomon S-Lab Speed. Une vraie ARME sur ce terrain, et je pèse mes mots. Moins de grip m’aurait compliqué la tâche.
  • Sac : Salomon S-Lab 5L. Limite mais tout juste suffisant pour le matériel demandé.

Avant de se quitter (si vous êtes arrivés jusque là..!) : jamais 2 sans 3, non ?
Alors, le Trofeo Kima en 2018 ? La classique italienne qui a lieu tous les deux ans serait la dernière des 3 Skyrunning Extreme qui me manquerait…si d’autres ne voient pas le jour d’ici là.

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Retour sur Edimbourg, puis départ pour le Japon !

A défaut d’avoir été incroyablement performant, cette course m’a donné l’envie de m’entraîner enfin sérieusement avec 3 séances par semaine (remplacé par du ski l’hiver) et au moins une séance de fractionné sur piste. A voir sur quelles courses cela me mènera en 2016…

Un grand merci à Laurie et Adrien pour l’assistance et les photos (je n’en ai jamais eu autant!).
Vous pouvez aussi mesurer l’ampleur du chantier en regardant les photos officielles de la course, par Ian Corless.

Stay tuned!
Timoth

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